Augré du temps, au fil des gens par Monique Zomer aux éditions Amalthee.
Description Crédit Photos Viviane MénardC'est un jardin commencé il y a 20 ans par Viviane et Raynald sur un hectare quarante avec 5 arbres. Peu à peu arbres et arbustes se sont succédés pour créer des ambiances, des coins romantiques, le tout dans l'harmonie des couleurs et trouve une multitude de mise en scène de la bambouseraie aux kiosques, recoins où il fait bon s'arrêter. C'est un jardin qui s'enrichit chaque année au gré des pouvez flâner et faire un halte dans les salons romantiques disposés sur l'ensemble du jardin. Le jardin, fait par des amateurs, trouve son nom "les Couleurs du Temps" dans la succession des empreintes laissées par les saisons Historique Après avoir habité en Normandie, Raynald et Viviane achètent en 1993 une première parcelle de terrain au lieu-dit "La Guittière" à constat est simple, c'est un champ de maïs de 4500 m2 et le terrain ne compte que 6 plantations apparaissent, tout d'abord des haies puis des petits massifs...Une deuxième parcelle est achetée en 1997, celle-ci est de 5000 m2 et ne présente aucune 1999, la tempête Martin, déracine de manière spectaculaire un des arbres présents en 1993 lors de l'achat de la première parcelle. Le cèdre nous quitte en ce 27 Décembre années plus tard, en 2000, la dernière partie de 4500 m2 est jardin repensé au fil du temps, au gré des humeurs et des envies. Informations Pratiques Ouverture Du 19 Avril 2014 au 31 Août 2014Fermeture annuelle de Septembre à uniquement les week-end et jours dimanche, jours fériés 14h-19h Tarifs Tarif adulte 3 enfant de 12 ans à 18 ans 1 enfant moins de 12 ans offert. Types de visite Visite libre, Rdv Groupes.
Aufil des pages, au gré des pensées Sur l'impossibilité d'apprécier L'attrait de l'uniforme >> 29 novembre 2011 2 29 / 11 / novembre / 2011 08:40. Le génie de Combray. Pour le plaisir d'entendre siffler le vent dans les haies d'aubépines: "Et, essuyant mes larmes, je leur promettais [aux aubépines], quand je serais grand, de ne pas imiter la vie
Congo belge, Province de l'Equateur Photo de Boende prise par mon ami FX Ă bord de son Fokker
Aufil des jours les sorties au théâtre ou au cinéma deviennent des gageures pour cause de couvre-feu. Alger à son tour sombre dans le cauchemar. Le temps est à la guerre, à la
Les doubles-croches ? Ces notes brèves, inattendues et sautillantes, que le hautbois lance au-dessus de la tenue de l'orchestre image de ces clins... Lire la suite 23,90 € Neuf Définitivement indisponible Les doubles-croches ? Ces notes brèves, inattendues et sautillantes, que le hautbois lance au-dessus de la tenue de l'orchestre image de ces clins d'oeil furtifs qui nous révèlent, si nous sommes attentifs, ainsi le " curieux " du tympan de Conques, une bonne part de la saveur des jours et du miracle des rencontres. L'auteur nous convie au récit de quelques-uns de ces fragments véridiques d'une histoire qui pourrait être celle de chacun nous v côtoyons subrepticement Andrei Sakharov, Yo Yo Ma, Georges Enesco, Nelson Mandela... mais aussi l'attachante couturière de la rue Saint-Séverin ou la belle inconnue d'Ekaterinbourg... Pages toniques où la légèreté du ton ne saurait dissimuler cette pensée que l'aventure de chacun se relie mystérieusement à celle de tous, comme le font les différentes voix entremêlées du concert. Et que de celui-ci, les notes brèves, à peine perçues et souvent trop vite oubliées, ne sont pas toujours les moins substantielles. Date de parution 08/10/2010 Editeur ISBN 978-2-7465-0494-3 EAN 9782746504943 Format Grand Format Présentation Broché Nb. de pages 274 pages Poids Kg Dimensions 13,5 cm × 20,0 cm × 2,0 cm Biographie de Yves Quéré Yves Quéré, physicien, a été professeur et directeur de l'enseignement à l'École polytechnique. Membre de l'Académie des sciences, il a été élu à la présidence de l'IAP InterAcademy Panel, Assemblée des Académies des sciences de par le monde. Il travaille actuellement, avec Georges Charpak et Pierre Léna, à la rénovation de l'enseignement des sciences à l'école et au collège.
Trajectoires- au fil du temps, au gré du lieu par Aime Perret aux éditions Sydney laurent. "En filigrane de ce récit autobiographique, il y a comme une méditation un brin nostalgique sur le temps, surtout celui qui passe, parfois celui qu'il fait.C'es
Architecture Un nouvel atlas des villes, "La vie"-"Le Monde", avec ses 200 cartes originales, qui raconte à sa manière toute l'histoire de l'humanité, depuis les premiers noyaux urbains jusqu'aux mégapoles contemporaines. Des esprits inquiets ou lucides nous annoncent qu'elle sera congestionnée, polluée, tentaculaire, proliférante, surveillée. A moins qu'elle ne se montre intelligente, participative, verticale, sensuelle, biodiverse et connectée ? Ici, on dit la ville muséifiée, boboïsée, embourgeoisée. Mais là , on la voit et on la vit déjà autrement - revisitée, réinventée, mondialisée. A quoi ressemblera donc la ville du futur ? Question décisive, car tout porte à croire que l'urbanité est l'avenir de l'homme puisque, dans un peu plus d'une génération, seulement un tiers de la population mondiale vivra encore en milieu rural. Déjà la vibration, la pulsation, l'énergie du monde sont essentiellement urbaines. Et demain ? DÉTOURS Pour comprendre le présent et tenter d'anticiper le futur afin de mieux en être acteurs, rien de tel qu'un voyage dans le passé. C'est le parti pris de cet atlas, reliant l'histoire à la géographie et la culture à la géopolitique. Reprenons donc le fil du temps. Des cités anciennes habitent notre imaginaire Babylone, Athènes, Rome... D'autres peuplent nos rêves ou nous invitent à de nouveaux voyages dans un passé qui n'en finit pas d'être actuel Kyoto, Venise, Tombouctou, Istanbul... C'est par de tels détours que l'on arrivera à Shanghaï, à New York et à Sao Paulo, à Dubaï et à Lagos. Ce nouvel atlas, avec ses 200 cartes originales, raconte donc à sa manière toute l'histoire de l'humanité, depuis les premiers noyaux urbains jusqu'aux mégapoles contemporaines. Les villes de France peuvent sembler muséales, figées dans des exigences patrimoniales. Pourtant notre pays n'échappe pas à ce grand mouvement planétaire, avec ses enjeux environnementaux, culturels et sociaux. Autour des déplacements multimodaux, de l'intercommunalité, de la mixité sociale, de la crise d'identité du périurbain, des questions complexes surgissent, de vieux clivages politiques s'affaiblissent, des choix éthiques se profilent. Des débats d'apparence technique, mais qui concernent en réalité notre vie quotidienne, sont ici rendus lisibles. Les meilleurs experts, les universitaires, les journalistes sont réunis et leurs points de vue croisés comme on échange paroles et regards au gré d'une promenade inspirée. Cet ouvrage, par son ambition et par sa dimension exceptionnelle, se présente comme une mégapole. Il faut accepter de s'y perdre pour apprendre à chaque coin de rue, souvent par des rencontres inattendues grands architectes, romanciers à succès, cinéastes, artistes, urbanistes... et même un moine. Bonne promenade en villes. L'Atlas des villes, 186 pages, 12 €, en kiosque le 17 octobre Didier Pourquery, Jean-Pierre Denis et "La Vie" Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.
Passerau contenu. Vue sur le temps qui passe. Une fenêtre sur la beauté qui nous entoure. À propos de moi. Depuis 12 ans je publie un billet quotidien qui vous livre ma vision personnelle de ce temps qui passe. Je tente à travers mes photos de vous présenter l’essentiel de chacune, d’épurer le regard afin que vous puissiez ressentir une émotion et
1 ça marche bien d’être seul » prĂ©vient Bruno, en invitant toutefois Robert Ă partager son camion et sa vie errante. Ă€ Robert qui s’inquiète du lieu de son domicile, il rĂ©pond que le camion est immatriculĂ© Ă Munich, c’est lĂ qu’il l’a achetĂ© deux ans plus tĂ´t. Ă€ dĂ©faut de se reconnaĂ®tre un foyer dans cette Allemagne qu’il traverse, Bruno – rĂ©parateur ambulant de projecteurs de cinĂ©ma – adopte le lieu de provenance de son vĂ©hicule par un phĂ©nomène significatif de transfert d’origine, du camion vers lui-mĂŞme. LancĂ© en voiture dans une course folle, Robert a dĂ©chirĂ© une photo avant de finir sa trajectoire dans le fleuve, puis regardĂ© le toit de la voiture s’évanouir dans l’eau, n’ayant sauvĂ© rien qu’une valise. Il en videra plus tard le contenu dans une poubelle. La photo Ă©tait celle d’une maison. 1 Psaume CXXVII, traduction de Louis Segond, 1910 2 - Les femmes ! Font chier ! » fit le grand forçat. » FAULKNER, 2000 245 2Il y va ici et lĂ d’un dĂ©pouillement, celui d’une maison qui n’est plus ni Heimat – cette patrie des pères coupables – ni mĂŞme Bleibe – cette demeure introuvable des femmes et des mères –, qui n’est plus qu’un espace vide autant qu’un temps mort pour ces deux hommes rĂ©duits Ă longer la frontière entre deux Allemagnes, entre deux foyers impossibles Ă investir – imprimerie du père de l’un, maison de la mère de l’autre –. Robert a sauvĂ© du naufrage un livre un traitĂ© de psychologie de l’enfant. Plus tard, on saura que sa profession est Ă l’intersection de la pĂ©diatrie et de la linguistique. Le livre est une Ă©dition française. On verra Bruno, pour sa part, se plonger dans un livre en langue anglaise The Wild Palms de William Faulkner. Chacun transporte un livre dans une langue Ă©trangère, nouveau refus d’appartenance, cette fois Ă la langue maternelle. Le choix du roman de Faulkner est riche de rĂ©sonances. Tout d’abord son titre – primitivement, suivant le choix de l’auteur If I forget Thee, Jerusalem en rĂ©fĂ©rence Ă la captivitĂ© des HĂ©breux Ă Babylone – fait allusion au dĂ©racinement Comment chanterions-nous les cantiques de l’Eternel / Sur cette terre Ă©trangère ? / Si je t’oublie, JĂ©rusalem »1. DĂ©racinement que les personnages wendersiens expĂ©rimentent au cĹ“ur de la terre natale. Ensuite, par sa structure le roman se compose de deux intrigues en parallèle, apparemment indĂ©pendantes, – Wild Palms » les amours tragiques de deux amants et Old Man » les aventures d’un forçat lors d’une crue du Mississipi – structure sur le mode de la coupure Ă laquelle la frontière renverra aussi. Enfin, les derniers mots du roman – du moins ceux de Wild Palms », ceux de Old Man » Ă©tant leur pendant ironique2 – s’accordent particulièrement aux personnages wendersiens Entre le chagrin et le nĂ©ant, je choisis le chagrin. » Faulkner, 2000 234 Robert, le kamikaze », en symĂ©trique de Bruno, est celui qui choisit le nĂ©ant, ou plutĂ´t voudrait choisir le nĂ©ant, sa course suicidaire se terminant sans grands dommages dans les eaux de l’Elbe. Le chagrin, en revanche, c’est le prix Ă payer de cette facultĂ© humaine qui va les travailler la mĂ©moire Ă©ternelle et inĂ©vitable, aussi longtemps qu’il y aurait une chair pour la titiller. » Faulkner, 2000 233 Wild Palms peut passer inaperçu dans l’image, ce n’est que le dĂ©tail de la couverture d’un livre de poche qui n’accède mĂŞme jamais au gros plan. Mais Wenders, nous le verrons, est particulièrement soucieux de la prĂ©sence de ce genre de dĂ©tails, peut-ĂŞtre davantage pour lui-mĂŞme – comme indices de la fabrication du film, symptĂ´mes de sa sĂ©dimentation – que pour le spectateur. DĂ©racinement, division, incapacitĂ© Ă vivre en couple sans que mort s’ensuive, ruminations de la mĂ©moire Wild Palms fertilise singulièrement la trajectoire des hĂ©ros, ou plutĂ´t, comme a pu l’écrire BarthĂ©lĂ©my Amengual, des anti-hĂ©ros Les premiers anti-hĂ©ros de Wenders – ils ont, entre 1970 et 1975 l’âge de l’auteur, la trentaine – sont les enfants nĂ©vrosĂ©s d’une histoire spĂ©cifique, les hĂ©ritiers d’une Allemagne tombĂ©e en morceaux. » Amengual, 1997 288 3Au gĂ©nĂ©rique, Wenders nous dĂ©crit les conditions de fabrication du film en noir et blanc, au format 1/1,66 et son direct, tournĂ© en onze semaines du 1er juillet au 31 octobre 1975, entre LĂĽneburg et Hof, le long de la frontière de la RDA. Wenders pour tout scĂ©nario n’avait qu’une carte routière, le projet du film tenant dans ce pĂ©riple en lisière d’une frontière au cĹ“ur mĂŞme du pays natal. La frontière n’est pas ici simple dĂ©limitation gĂ©ographique, mais cicatrice d’un traumatisme historique qui, constamment, fait retour. Dans ce no man’s land intĂ©rieur – au sens gĂ©ographique comme psychologique –, les seuls repères de cette odyssĂ©e singulière seront ces salles de cinĂ©ma, vides et menacĂ©es de disparition. Si le théâtre d’ombre est ranimĂ©, momentanĂ©ment, Ă l’attention d’un public d’enfants impatients d’une projection Ă laquelle ils n’assisteront pas, faute de matĂ©riel en Ă©tat, l’ultime Ă©tape du voyage sera un Ă©cran blanc, ce Weisse Wand, espace vide en attente dont l’enseigne WW signature cryptĂ©e de l’auteur, brille de cette aspiration d’une identitĂ© qui viendrait s’y inscrire. 4Robert a lancĂ© sa voiture dans le fleuve, après avoir dĂ©chirĂ© la photo de sa maison, et Bruno devra traverser un autre fleuve pour s’approcher de celle de son enfance. Les seuils sont ici symboliques fleuve qui sĂ©pare de la maison de la mère, passage Ă niveau qu’il faut franchir pour accĂ©der Ă l’imprimerie du père Ă dĂ©faut d’être matĂ©rialisĂ©s par une porte. Tenir dans ses bras une porte » Ponge, 1988 44 ironise le poète, faisant de ce supposĂ© banal objet de transition un inattendu objet de dĂ©sir, et c’est bien d’un dĂ©sir inassouvi que la porte se charge ici. Quelque chose du cinĂ©ma se joue dans l’acte de franchir une porte point de raccord d’un intĂ©rieur et d’un extĂ©rieur, le passage de porte est le lieu de toutes les manipulations, de toutes les libertĂ©s. Ici, tenir dans ses bras une porte – et le raccord qui va avec – ne va pas de soi. Le traditionnel raccord sur l’ouverture de porte est curieusement Ă©vitĂ© ou dĂ©samorcĂ©. Par le contre-jour radical lorsque la porte la plus manifestement tenue dans les bras s’ouvre sur Robert, porte d’un cinĂ©ma vide dans l’encadrement de laquelle la silhouette se dĂ©coupe, avant d’être happĂ©e par l’obscuritĂ©. Par le geste violent lorsque Bruno rentre dans la maison de son enfance, en en franchissant le seuil par la grâce du montage qui le pousse du dehors au-dedans. L’aventure qui laissait augurer de l’investissement nostalgique du lieu, se solde par un franchissement dans l’autre sens celui d’une masse, jetĂ©e au travers de la vitre. Ailleurs, c’est le plan d’extĂ©rieur qui manque, comme dans le cas de l’imprimerie du père de Robert la camĂ©ra ne franchit pas le seuil en articulant par le montage dehors et dedans, mais attend, Ă l’intĂ©rieur, l’arrivĂ©e de Robert puis celle de Bruno. Si des portes s’ouvrent, les lieux qu’elles offrent Ă la conquĂŞte des personnages wendersiens ne peuvent ĂŞtre investis et restent de fait, des non-lieux maison de l’enfance, imprimerie du père, cinĂ©mas Ă la dĂ©rive… La porte arrière du camion se ferme de l’intĂ©rieur, permettant au spectateur d’entrevoir avant que l’obscuritĂ© ne se fasse, le mot Hermès » se reconstituer par la rĂ©union des deux battants par inversion, le nom du messager s’inscrit Ă l’intĂ©rieur du camion, comme un secret bien gardĂ©. 5Le seuil peine dĂ©sormais Ă dĂ©limiter ces intĂ©rieurs dĂ©sertĂ©s de ces extĂ©rieurs indiffĂ©renciĂ©s bourgs dont quelques enfants sont les derniers occupants, villes Ă l’abandon qui semblent surgies de quelque catastrophe. Usines dĂ©saffectĂ©es oĂą traĂ®nent les fantĂ´mes tel cet homme dĂ©semparĂ© dont la femme vient de jeter sa voiture contre un arbre et qui lance des dĂ©bris de poussière dans un silo rouillĂ©, prĂ©sence spectrale au cĹ“ur de la nuit. Vallons sans caractères, ni vraiment ruraux – mĂŞme si on y croise quelques moutons – ni vraiment urbains, ou paysages pâles oĂą le corps ne laisse plus que la trace organique de son passage, comme le signe du refus de toute appartenance, comme si c’était ce qu’il restait Ă faire sur cette terre Ă©trangère. Nous sommes lĂ face Ă ce que Gilles Deleuze dans CinĂ©ma 1 l’Image-mouvement appelle des espaces quelconques. Leur indiffĂ©renciation et leur vacuitĂ© en font l’expression privilĂ©giĂ©e des affects. Le paysage renvoie alors Ă l’intĂ©rioritĂ© des personnages et le voyage Ă la conscience. Dans Emotion Pictures, Wenders reprend Ă son compte les prĂ©conisations de Ronald D. Laing Nous sommes socialement conditionnĂ©s Ă considĂ©rer comme normale et saine une totale immersion dans l’espace et le temps extĂ©rieurs. … Or, il me semble beaucoup plus sensĂ©, beaucoup plus nĂ©cessaire, beaucoup plus urgent d’entreprendre l’exploration de l’espace et du temps intĂ©rieurs de la conscience. Peut-ĂŞtre est-ce lĂ l’une des rares choses qui aient encore un sens dans notre contexte historique. » Laing, 1988 30 Il y a alors l’idĂ©e d’un franchissement au sein mĂŞme de la matière cinĂ©matographique, les films Ă©tant, suivant Wenders rĂ©alisĂ©s de l’intĂ©rieur vers l’extĂ©rieur ». Wenders, 1990 91 3 HOMERE OdyssĂ©e chant XVII 11-54 6Ce que cette intĂ©rioritĂ© et cette conscience manifestent, c’est le refus d’appartenance. Peter Handke, Ă propos de Faux Mouvement 1975 Ă©nonce littĂ©ralement cette incapacitĂ©, dorĂ©navant, Ă pĂ©nĂ©trer des maisons qui, apparemment, n’ont rien de changĂ© Les rues Ă©troites d’une ville, peut-ĂŞtre encore extĂ©rieurement semblable Ă celles de Goethe, avec des maisons Ă colombages, mais lĂ , par exemple, on ne peut plus entrer dedans pour de bon. » Wenders, 1990 22 Dans Au Fil du temps, personne n’arrive plus Ă entrer dedans pour de bon », les personnages – et pas seulement Bruno et Robert – prĂ©fèrent habiter ailleurs que dans des lieux d’habitation. Significativement, il n’y a plus de maison oĂą dormir, non par manque mais par aversion, semble-t-il. Bruno et Robert dorment dans le camion, bien sĂ»r, mais Ă©vitent de dormir dans la maison de l’enfance et prĂ©fèrent un tas de sable ; Bruno et la jeune caissière partagent une nuit dans l’arrière-salle d’un cinĂ©ma ; le père de Robert dort dans son imprimerie… Il semble qu’il n’y ait plus de lieux en Allemagne oĂą dormir, auxquels appartenir, plus de lieux Ă investir, tel un hĂ©ros de l’OdyssĂ©e puis il entra en franchissant le seuil de pierre »3. 7Si le seuil n’est plus, cinĂ©matographiquement, le lieu d’un passage, c’est que pour ces jeunes Allemands, l’appartenance Ă la communautĂ© est par trop problĂ©matique L’Allemagne. J’ai l’impression, pour parler dans le vague, que c’est d’abord quelque chose qui n’existe pas ou qui n’existe pas encore. Donc un vide. » Wenders, 1992 217 Dans Philosophie un rĂŞve de flambeur, Jean-Toussaint Desanti se souvient de la maison de sa tante, en Corse, dont la porte restait ouverte quelque fĂ»t le temps, accueillant l’étranger Ă la condition qu’il laisse dehors ce qui le liait Ă l’extĂ©rieur haches, pioches, fusils…, Ă condition qu’il ne pose pas le pied sur le seuil – le mutale de la langue Corse –, Ă condition enfin, qu’il laisse un sou en Ă©change de la soupe. Tant et si bien que le jeune Jean-Toussaint en venait Ă penser que sa tante tenait une auberge. En fait, il n’était pas question d’auberge et le sou n’était pas le prix de la soupe. L’un et l’autre dĂ©signaient l’échange, offrande contre offrande autant de signes de l’alliance entre l’extĂ©rieur et l’intĂ©rieur. » Desanti, 1999 41 DĂ©pouillĂ©, le hĂ©ros wendersien n’a plus rien Ă Ă©changer mĂŞme si Bruno laisse sa veste sur la balustrade avant de pĂ©nĂ©trer dans la maison de l’enfance, comme il l’enlève systĂ©matiquement dans ce qu’il considère son chez-soi le camion oĂą il reste, nu, sous sa salopette. 8En refus d’appartenance, il ne veut rien Ă©changer. Ne pas se soumettre Ă la loi du seuil est alors le symptĂ´me d’une impossible communautĂ©. Bruno reste sur le pas de la porte – celui du garage de Raul, l’ami d’enfance de Robert – de la mĂŞme façon que Robert reste sur le pas de la porte de la maison de l’enfance de Bruno il l’écoute de l’autre cĂ´tĂ© du mur et s’éloigne. Le lieu de l’enfance est le lieu de l’expĂ©rience individuelle, unique et non partageable. Après avoir signifiĂ© son refus d’investir la maison de l’enfance en en brisant la fenĂŞtre, le montage fait l’ellipse du franchissement inverse, comme si la maison, espace devenu inhabitable et c’est la terre entière qui deviendra inhabitable dans le film qu’on tente de tourner dans L’Etat des choses – 1982 l’avait jetĂ© dehors. On retrouve Bruno Ă l’extĂ©rieur, sur l’escalier Ă demi ruinĂ©, Robert lui demandant s’ils peuvent dormir Ă l’intĂ©rieur et devant son refus, le laisse seul avec sa peine Pour ceux qui sont trop tourmentĂ©s d’eux-mĂŞmes, le pays natal est celui qui les nie. » Camus, 1939 81 Rester sur le pas, rester sur le refus du franchissement, ou alors casser les carreaux de la maison de l’enfance et refuser d’y dormir, ne pas franchir le pas, c’est ne pas risquer d’appartenir Ă cette terre allemande, n’ayant d’autre choix, alors, que de vivre dans un camion. LĂ s’exprime le foyer idĂ©al pour Wenders Mobile home. Une combinaison contradictoire de mots oĂą pourtant se dĂ©finit une libertĂ© peut-ĂŞtre mince, mais que je tiens en haute estime. Mobile » a une note de fiertĂ© et veut dire le contraire de se trouver bloquĂ© », faire du sur-place », rester en plan ». Home » veut dire Ă la maison », chez soi ». Un chez-soi ne devrait justement pas ĂŞtre mobile, il se distingue prĂ©cisĂ©ment par le fait qu’il est fermement installĂ© quelque part. Aussi, non seulement l’Allemand ignore-t-il l’expression contradictoire Wohnwagen » [caravane] et Fertighaus » [maison prĂ©fabriquĂ©e] veulent dire autre chose, mais aussi la chose elle-mĂŞme une maison qu’on installe quelque part, et ailleurs l’annĂ©e suivante. Sur les autoroutes amĂ©ricaines, des maisons viennent sans cesse Ă votre rencontre.» Wenders, 1988 191 9Il y a lĂ une nostalgie, non pas de la patrie, mais d’un Ă©tat antĂ©rieur de l’humanitĂ© qui la protĂ©geait de l’attachement Ă la patrie celui du nomadisme, d’un âge d’or que Wenders Ă©prouve aux Etats-Unis Le pays est trop vaste pour qu’on puisse dĂ©cider oĂą rester. Alors on prĂ©fère admettre qu’on ne sait pas oĂą on est chez soi. Il y a lĂ une libertĂ©. » Wenders, 1988 193 10C’est de cet attachement Ă la terre que les personnages wendersiens se dĂ©font en optant pour le nomadisme, cet Ă©tat antĂ©rieur Ă l’idĂ©e de patrie. LĂ aussi, la distinction avec Ulysse, si apte Ă franchir les seuils de pierre » est manifeste, dans cette histoire de l’humanitĂ© qu’Adorno et Horkheimer retissent Ă partir de son OdyssĂ©e Il y a lĂ une rĂ©miniscence de l'histoire oĂą la vie sĂ©dentaire, qui condiÂtionne l'existence de toute patrie, succĂ©da au nomadisme. Si l'ordre stable de la propriĂ©tĂ© qu'assure la vie sĂ©dentaire fonde l'aliĂ©nation des hommes d'oĂą naĂ®t toute nostalgie et tout regret de la perte de l'Ă©tat originel, c'est pourtant la sĂ©denÂtaritĂ© et la stabilitĂ© de la propriĂ©tĂ© – Ă l'origine du concept de patrie – qui fonde toute nostalgie, tout mal du pays. » Adorno, Horkheimer, 1974 90 11Sur le pare-brise du camion, par transparence, intĂ©rieur et extĂ©rieur font alliance, mais par image reflet et projection. Le camion est une demeure sans seuil, sans jonction d’un intĂ©rieur et d’un extĂ©rieur l’extĂ©rieur file au grĂ© des dĂ©placements, et traverse en permanence l’intĂ©rieur. LĂ , le dedans et le dehors s’indistinguent. Le mutale Ă©tait un non-lieu, un lieu zĂ©ro en quelque sorte. Qui s’y trouve, nĂ©tant nulle part, court le risque d’y demeurer Ă jamais et d’y disparaĂ®tre. » Desanti, 1999 41 Ă©crit encore Desanti. Au fil du temps serait l’histoire de cette condamnation n’ayant pas respectĂ© la loi du seuil, Bruno et Robert s’y engloutissent et par lĂ , sont vouĂ©s Ă ne plus accĂ©der Ă aucune appartenance et Ă demeurer dans la solitude. Au dĂ©but d’Au Fil du temps, RĂĽdiger Vogler Bruno reprend son personnage lĂ oĂą il l’avait laissĂ© Ă la fin du film prĂ©cĂ©dent Faux Mouvement mon seul dĂ©sir Ă©tait d’être seul, pour qu’aucun importun ne vienne troubler mon apathie … j’avais l’impression d’avoir manquĂ© quelque chose, et de continuer Ă manquer quelque chose Ă chaque mouvement. » Ce qu’il manque, c’est la prĂ©sence des autres, Peter Buchka a remarquĂ© combien les personnages de Wenders sont toujours entre deux, dans l’oscillation constante entre deux Ă©tats intenables les personnages de Wenders doivent se frayer un passage entre deux pĂ´les comme les Argonautes entre Charybde et Scylla d’un cĂ´tĂ© la solitude … et d’autre part, l’impossibilitĂ© de vivre de façon durable avec d’autres hommes – et avant tout avec des femmes –. Les personnages de Wenders ne supportent ni l’un ni l’autre, ni la solitude ni la vie avec d’autres. » Buchka, 1986 119 La prĂ©sence de l’autre manque, raison pour laquelle Bruno accepte de partager la route avec Robert, ou une nuit avec la jeune caissière de cinĂ©ma. Et Ă la fois, l’autre est de trop au petit matin, Robert laisse Bruno endormi dans le poste frontière amĂ©ricain abandonnĂ© et Bruno laisse la jeune femme dans l’arrière-salle du cinĂ©ma. Wenders se reprĂ©sente l’Allemagne comme une terre inhabitable et sans lendemain aucun couple n’y survit et encore moins se projette dans une histoire. Robert est en train de se sĂ©parer de sa femme et reproche Ă son père d’avoir, pour finir, tuĂ© sa mère. Bruno a dĂ©libĂ©rĂ©ment choisi la solitude et l’ataraxie ça va de mieux en mieux ! », son père, quant Ă lui s’est perdu pendant la guerre ». La jeune caissière se dit satisfaite de vivre seule avec sa fille, et partage une nuit sans lendemain avec Bruno, lequel ne se sent jamais aussi seul que dans une femme. Un troisième homme s’invite dans le camion, il porte le manteau ensanglantĂ© d’une femme, la sienne, qui s’est jetĂ©e en voiture contre un arbre, suicide que Robert craint pour sa propre femme. La prĂ©sence des hommes auprès des femmes est pathogène, voire mortelle, et c’est bien le destin de son père que Robert pourrait alors reproduire, en plus dramatique. Il paraĂ®t plus prudent aux hommes de rester entre eux, dans le dĂ©sir permanent d’une femme. Dans le poste frontière amĂ©ricain, Bruno et Robert, Ă la lueur des bougies se confient, se provoquent, se battent, admettent vouloir une chose et son contraire, et pour finir, Robert constatera On ne peut pas vivre comme ça sans pouvoir imaginer ou souhaiter aucun changement. » Robert souffle sa bougie, le cadre se divise en deux, Robert d’un cĂ´tĂ©, dans le noir, et Bruno Ă©clairĂ©, de l’autre, signe de l’écart entre eux qui ne sera jamais recouvert, de la rupture qui finira par advenir. Au petit matin, Robert un Ĺ“il pochĂ©, et Bruno la lèvre fendue retournent chacun de leur cĂ´tĂ© Ă leur solitude. Pères sans femme ni enfants, comme les enfants sont privĂ©s de père et mère il n’y a pas d’adulte, ni autour de la station-service oĂą Robert arrĂŞte sa voiture et Ă©change par signes avec des enfants en train de jouer, ni Ă la gare oĂą l’ultime rencontre qu’il fera sera celle d’un jeune garçon, occupĂ© Ă dĂ©crire ce qu’il voit. 12Franchir un seuil l’imprimerie pour Robert et le conflit avec le père ; la maison de l’enfance pour Bruno et le retour traumatisant des fantĂ´mes, c’est une question d’espace mais aussi de temps. Il s’agit pour l’un comme pour l’autre de revisiter le passĂ© et de l’affronter, pour au petit matin, trouver un peu de paix Bruno sort de sous l’escalier la boĂ®te Ă secrets – affiches de film prĂ©cieusement conservĂ©es dans une boĂ®te de pellicule par l’enfant qu’il fut – comme Jeff Mc Cloud retrouvait, sous la maison originaire, les trĂ©sors de son enfance dans The Lusty Men Nicholas Ray, 1952. Dans Nick’s movie 1980, NicholasRay dira Ă Wenders les raisons de l’attachement de celui-ci Ă ce film le sentiment, non Ă©prouvĂ© mais dĂ©sirĂ© de l’attachement au foyer, Ă une terre this film is a western. This film is really a film about people who want to own a home of their own ». MĂŞme traumatisante, l’expĂ©rience du retour Ă la maison natale sera rĂ©confortante pour Bruno car elle aura tĂ©moignĂ© de quelque chose dont il se croyait dĂ©pourvu un passĂ©. Pour la première fois, je me vois comme quelqu’un qui a vĂ©cu un certain temps, et ce temps, c’est mon histoire. » Au plan suivant, Robert vide le contenu de sa valise dans une poubelle au bord de la route il s’agit, malgrĂ© tout, d’en faire table rase, de ne pas se laisser trop aller Ă cet enracinement, de ne jamais oublier qu’il est, potentiellement, coupable. En effet, si l’appartenance Ă la terre allemande, et par lĂ , Ă son Histoire est profondĂ©ment problĂ©matique, c’est parce que les pères sont fondamentalement coupables, coupables d’avoir Ă©tĂ© nazis, comme le vieux projectionniste qui ouvre le film, coupables plus confusĂ©ment, comme le père de Robert, dont on se demande ce qu’a pu imprimer pendant la guerre cet homme endormi dans son imprimerie sous le portrait de Gutenberg, et Ă qui son fils reproche dès que je dis quelque chose, j’ai l’impression de le voir imprimĂ© ». Coupable aussi, le vieil homme hagard dans son garage oĂą une guerre semble ne jamais avoir vraiment fini, et qui en a perdu la parole. Coupable enfin, le père de Bruno perdu pendant la guerre ». 13Ă€ dĂ©faut des pères rĂ©els, il s’agit alors de se reconnaĂ®tre des pères de substitution Nicholas Ray ou Fritz Lang dont Wenders a pu dire Je l’ai regardĂ© comme un orphelin voit le père des autres » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 288. Ailleurs, c’est F. W. Murnau qui tient le rĂ´le de père dans l’Etat des choses, pour le cinquantenaire de sa mort, Wenders le ressuscite » en un Friedrich Munro, qui reprend ses propres mots, et en reprenant ses propres mots, identifie le père au fils – Wenders – je ne suis chez moi nulle part » Wenders, 1990 68 ou encore John Ford, de façon plus discrète dans Alice dans les villes – 1973 – oĂą est fait allusion Ă Young Mister Lincoln – 1939. Le cinĂ©ma, c’est alors la patrie que Wenders se choisit, Ă dĂ©faut de se sentir chez lui en Allemagne Je ressens l’histoire du cinĂ©ma comme un lieu très paisible oĂą il vaut la peine de s’ancrer, on y est bien et en bonne compagnie. » Wenders, 1992 260 La profondeur historique n’est plus dans les lieux ou les ĂŞtres dont nous verrons combien ils la refoulent mais dans le film lui-mĂŞme, qui tĂ©moigne de l’Histoire du cinĂ©ma, une Histoire comme Ă la première personne, en substitution Ă l’Histoire tout court. 4 Richard Wilson, 1955 14Chacun des deux personnages aura ici son père de substitution. Nicholas Ray pour Bruno, qui rejoue au petit matin, après sa nuit de larmes, la scène du retour Ă la maison de l’enfance de The Lusty Men. Bruno est tellement entourĂ© de personnages de cinĂ©ma et particulièrement de la figure de Mitchum – affiche de The Gun Man4au fond du camion, par exemple qu’on se demande si ce souvenir n’est pas fabriquĂ©. En d’autres termes si cette boĂ®te Ă secrets, qui contient d’ailleurs des affiches de films, n’est pas une fabrication de cinĂ©ma Ă savoir que Bruno ne retrouve pas ici un souvenir d’enfance, mais rejoue consciemment le souvenir du personnage du film de Nicholas Ray, comme si la mĂ©moire personnelle Ă©tait refoulĂ©e et substituĂ©e par une mĂ©moire fabriquĂ©e Ă partir de matĂ©riaux cinĂ©matographiques. Et c’est tout le film qui, peu Ă peu, substitue Ă la mĂ©moire des personnages et des lieux, sa propre mĂ©moire, s’affiche comme reconstruction Ă partir de matĂ©riaux cinĂ©matographiques les dunes blanches sont un dĂ©cor de western, et par lĂ , on peut, comme Robert, en jouir. Et c’est bien la seule fois que le corps se jette ainsi avec jubilation dans le paysage. Le cinĂ©ma expressionniste allemand est totalement claustrophobique. La toile de fond de mes films, elle, vient beaucoup plus du cinĂ©ma que j’ai vu quand j’étais enfant, surtout des westerns, oĂą le soleil brille tout le temps. Avez-vous jamais vu un film allemand des annĂ©es vingt oĂą brille un soleil radieux ? Pour moi, le paysage est tellement liĂ© au cinĂ©ma ! … quand je tourne, j’ai l’impression de m’intĂ©resser plus au soleil qui se lève sur un paysage qu’à l’histoire qui s’y dĂ©roule »Wenders, 1990 63. 15Fritz Lang sera le père de substitution de Robert. Il contemple Ă deux reprises un carrĂ© de ciel nocturne, Ă travers le toit du camion, cadre en attente de ce qui va le combler la figure du père que Robert dĂ©coupe dans une revue suivant le mĂŞme cadre, celle de Fritz Lang dans Le MĂ©pris Jean-Luc Godard, 1963. Dans ce film sur la conscience du cinĂ©ma en Allemagne, le père perdu, non, le père manquĂ©, s’est installĂ©, s’est insinuĂ© de lui-mĂŞme » Wenders, 1988 149. Fritz Lang, c’est le père Allemand qui s’est exilĂ© en AmĂ©rique, père de substitution de Robert puisque immĂ©diatement après avoir prĂ©levĂ© ainsi son visage, il rend visite Ă son vrai père. Mais avant, son regard, douloureux, sera passĂ© du visage de Lang au projecteur enchaĂ®nĂ© sur une Ă©tagère du camion. Il y a ici une mĂ©taphore manifeste, la question qui taraude, c’est comment ĂŞtre cinĂ©aste en Allemagne, quand le cinĂ©ma a Ă©tĂ© enchaĂ®nĂ© », exploitĂ© par l’idĂ©ologie nazie ? Jamais auparavant, dans aucun autre pays, on n’avait comme ici manipulĂ© les images et les sons avec autant de cynisme, jamais et nulle part ils n’avaient Ă©tĂ© Ă ce point abaissĂ©s au niveau de vĂ©hicules de mensonges. » Wenders, 1988 132 Jamais, alors, n’a Ă©tĂ© aussi grande la mĂ©fiance Ă l’égard des images que ce pays pouvait par la suite produire, leur prĂ©fĂ©rant les images venues de l’étranger A cause des images [du nazisme] il y a eu dans la culture cinĂ©matographique de ce pays un trou de trente Ă quarante ans » Wenders, 1988 133. 16Ce dont Au fil du temps tĂ©moigne alors, c’est de la dĂ©liquescence du cinĂ©ma allemand des annĂ©es soixante-dix Bruno projette des films porno ou d’autres, tellement mauvais que Robert lui suggère de laisser une bobine de cĂ´tĂ©. Pour finir ils s’enfuient en laissant la projection en plan. Ce dont Au fil du temps tĂ©moigne, c’est d’un cinĂ©ma … qui peut nuire aux hommes en les Ă©loignant de leurs dĂ©sirs et de leurs peurs » Wenders, 1988 117. La jeune gĂ©nĂ©ration n’est pas concernĂ©e les projectionnistes de remplacement n’y connaissent rien, ou amĂ©nagent leur relation, par miroir interposĂ©, avec les images pornographiques. Si Bruno tente d’intĂ©resser l’un d’eux en lui montrant la croix de Malte, cette invention gĂ©niale qui transforme une rotation en translation, force est de constater que la rotation a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en Ă©ternelle rĂ©pĂ©tition Ă l’identique c’est l’extrait en boucle qu’il projette Ă la jeune caissière – de la violence, de l’action, de la sensualitĂ©. Quatre-vingt-dix minutes de cinĂ©ma » rĂ©pètent la voix et les images, comme les produits standardisĂ©s rĂ©pètent en boucle la mĂŞme recette. La propriĂ©taire du Weisse Wand attend alors que cela change. Devant le portrait de Fritz Lang, elle dĂ©fend une certaine idĂ©e du cinĂ©ma Le cinĂ©ma est l’art de la vue, disait mon père. C’est pour ça que je ne peux pas passer ces films qui ne sont que de l’exploitation de tout ce qui est encore exploitable dans la tĂŞte et les yeux. On ne m’obligera pas Ă passer des films dont les gens sortent paralysĂ©s et abrutis par la bĂŞtise, qui dĂ©truisent leur joie de vivre, qui tuent le sentiment qu’ils ont d’eux-mĂŞmes et du monde. … dans l’état actuel, mieux vaut pas de cinĂ©ma, qu’un cinĂ©ma tel qu’il est maintenant.» Si les vitrines sont vides et l’écran blanc, les projecteurs sont maintenus en Ă©tat, pour ĂŞtre prĂŞts lorsque le cinĂ©ma sera redevenu ce qu’il doit ĂŞtre. Et lĂ aussi, le film s’affiche comme mĂ©moire de sa propre fabrication jouant sur les lettres allumĂ©es et Ă©teintes de l’enseigne – Weisse Wand – le mot End » se compose. Fin du cinĂ©ma et fin de l’Histoire et fin du film qui se sera, jusqu’au bout, affichĂ© comme tel, se clĂ´turant, comme il se doit, sur le mot fin ». 17Le seuil est le lieu oĂą ça change » Desanti, 1999 39, ce pas que Bruno et Robert doivent dĂ©-passer pour pouvoir dire Je suis mon histoire ». Constatons que cette rĂ©plique de Robert survient off, sur l’image du Bibendum Ă©clairĂ©, figure de proue du camion, nous donnant l’étrange impression qu’au fond, dans cette substitution de l’Histoire par l’Histoire du cinĂ©ma, c’est le film lui-mĂŞme qui, ici, parle. Je suis mon histoire », c’est-Ă -dire l’histoire de ma fabrication au fil du temps et de la carte routière qui lui a servi de scĂ©nario ; fabrication ouverte aux imprĂ©vus, aux accidents, Ă l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des matĂ©riaux accueillis au grĂ© de sa sĂ©dimentation – sĂ©quence burlesque, documentaire, dĂ©tour vers le Rhin en side-car, montage parallèle de trajectoires qui se croisent et se dĂ©croisent en fonction de la route… 18Dans le dossier de presse de L’Ami AmĂ©ricain 1977 Wenders revendique ce film comme politique, au contraire des films de divertissement, qui chassent de la tĂŞte des hommes l’idĂ©e de changement. Leur message rĂ©pĂ©tĂ© Ă chaque plan est que tout est bien ainsi » Buchka, 1986 99. DĂ©jĂ , nous venons de le voir, Au fil du temps milite pour un changement du cinĂ©ma. Et Ă la fin du film, Robert laisse un mot sur le pare-brise du camion, Ă l’attention de Bruno Il faut tout changer. So long. R » C’est devant le poste frontière sĂ©parant les deux Allemagnes que Robert choisit de laisser son message ce qui doit changer en premier lieu, c’est l’état de cette Allemagne divisĂ©e. Constatons que le mot est notĂ© sur la page de garde du livre qu’il lisait jusque lĂ et qu’on y lit prĂ©sentation » par Maud Mannoni en l’occurrence, il s’agit de la prĂ©face Ă l’Enfance aliĂ©nĂ©e. C’est alors comme inspirĂ© par Maud Mannoni que Robert et Wenders ? se sent la force de travailler Ă ce changement. 19Plus tĂ´t, c’est par une parabole qu’il annonce cette volontĂ© de rupture avec la rĂ©pĂ©tition. Il raconte un rĂŞve Il y a une encre qui pouvait effacer la vieille Ă©criture et en mĂŞme temps Ă©crire quelque chose de nouveau » Mais le problème qui se pose immĂ©diatement Ă Robert, c’est qu’il n’écrit que des rĂ©pĂ©titions jusqu’à ce qu’en rĂŞve, il ait l’idĂ©e de changer d’encre. Alors, il Ă©crit quelque chose de nouveau. Ă€ la fin du film, il rencontre un jeune garçon Ă la gare, qui Ă©crit ce qu’il voit Je dĂ©cris une gare. Tout ce que je vois les rails, le ballast, l’horaire. Le ciel, les nuages. » C’est aussi simple que cela. Robert lui propose d’échanger contre son cahier d’écolier, sa valise vide son identitĂ© creuse et ses lunettes de soleil son regard aveugle Ă cette simplicitĂ© dans l’espoir de retrouver cette transparence perdue du rĂ©el. Dans les films, les enfants sont toujours lĂ pour vous exhorter Ă ne pas oublier la curiositĂ© et l’absence de prĂ©jugĂ©s avec lesquels on peut rendre le monde visible » Wenders, 1992 64. 5 LaĂ«rte est le père d’Ulysse 20Rendre le monde visible n’est possible qu’à une condition le dĂ©barrasser des mythes qui en figent l’image, la polluent Le mythe prĂ©tendait informer, dĂ©nommer, narrer les origines mais par lĂ mĂŞme il prĂ©tendait aussi reprĂ©senter, confirmer, expliquer. Cette tendance s’est accrue lorsque les mythes furent inventoriĂ©s et collectionnĂ©s ; l’information qu’ils apportaient devint une doctrine » Adorno, Horkheimer, 1974 26. L’image n’est plus conçue comme surface mais comme volume, empilement de reprĂ©sentations mythiques qu’il faut dĂ©coller une Ă une. Adorno et Horkheimer dans La Dialectique de la Raison montrent qu’Ulysse use de sa raison pour dĂ©faire les puissances mythiques par exemple, ce cyclope qui se laisse prendre au nom de Personne » L’opposition entre la Raison et le mythe s'exprime dans l'opposition entre le Je individuel – qui surÂvit – et les multiples aspects de la fatalitĂ©. La course errante de Troie Ă Ithaque reprĂ©sente l'itinĂ©raire suivi Ă travers les mythes par un soi physiquement très faible face aux forces de la nature et qui ne se rĂ©alise lui‑mĂŞme que dans la prise de conscience. … Le savoir qui constitue son identitĂ© et qui lui permet de surÂvivre, tire sa substance de l'expĂ©rience qu'il acquiert dans les innombrables tours et dĂ©tours de sa route oĂą il voit bien des choses se dĂ©sagrĂ©ger. » Adorno, Horkheimer, 1974 61 Signalons que la rĂ©fĂ©rence Ă l’OdyssĂ©e est prĂ©sente dans le cinĂ©ma de Wenders, ne serait-ce que dans le nom de l’ancien nazi de Faux mouvement – Laertes5. 21Au fil du temps est ainsi le lent travail de dĂ©construction des mythes Ă commencer par le mythe du miracle Ă©conomique. Ce n’est pas la RFA industrialisĂ©e, triomphante, mais un paysage d’usines en ruine, de machines arrĂŞtĂ©es que le film nous prĂ©sente. Et mĂŞme Wolfsburg, avec le sigle de Volkswagen dans le paysage industriel, sigle Ă demi dissimulĂ© derrière les hautes cheminĂ©es, mĂŞme cette ville, symbole de l’industrialisation radieuse, est curieusement dĂ©sertĂ©e. Robert ramasse un journal, on y lit noch ĂĽber eine Million Arbeitslose », et plus bas Mehr als 4,8 Milliarden Marks Defizit ». C’est la misère Ă©conomique qui pèse sur le vieillard aphasique, au regard ravagĂ©, assis au milieu de son garage, qui ne sait plus que rĂ©pondre Ă Bruno venu chercher de l’eau pour son camion – Bruno qui est bien Ă©tonnĂ© de trouver en ces lieux dĂ©vastĂ©s âme qui vive. Misère Ă©conomique qui s’exprime sur un visage de vieillard que Walker Evans aurait pu, jadis, pendant cette autre grande pĂ©riode de misère, photographier. Il s’agit alors d’opĂ©rer la prestidigitation inverse de celle qu’opère le mythe, et sur le rĂ©el ainsi redĂ©couvert sous le mythe, retrouver l’Histoire Ce que le monde fournit au mythe, c’est un rĂ©el historique, dĂ©fini, si loin qu’il faille remonter, par la façon dont les hommes l’ont produit ou utilisĂ© ; et ce que le mythe restitue, c’est une image naturelle de ce rĂ©el. Et tout comme l’idĂ©ologie bourgeoise se dĂ©finit par la dĂ©fection du nom bourgeois, le mythe est constituĂ© par la dĂ©perdition de la qualitĂ© historique des choses les choses perdent en lui le souvenir de leur fabrication. Le monde entre dans le langage comme un rapport dialectique d’activitĂ©s, d’actes humains il sort du mythe comme un tableau harmonieux d’essences. Une prestidigitation s’est opĂ©rĂ©e, qui a retournĂ© le rĂ©el, l’a vidĂ© d’histoire et l’a rempli de nature ; qui a retirĂ© aux choses leur sens humain de façon Ă leur faire signifier une insignifiance humaine. La fonction du mythe, c’est d’évacuer le rĂ©el il est, Ă la lettre, un Ă©coulement incessant, une hĂ©morragie, ou, si l’on prĂ©fère, une Ă©vaporation, bref, une absence sensible » Barthes, 1970 216. La reprĂ©sentation de la RFA comme pays du miracle Ă©conomique est naturelle » elle va de soi. Le travail du cinĂ©aste consiste alors Ă dĂ©faire cette construction mythologique, et ce, mĂŞme au prix de la solitude, ce prix que ses personnages sont prĂŞts Ă payer Lorsque le mythe atteint la collectivitĂ© entière, si l’on veut libĂ©rer le mythe, c’est la communautĂ© entière dont il faut s’éloigner » Barthes, 1970 231. Si Roland Barthes a pu voir dans le roman des annĂ©es cinquante,une opĂ©ration de sabordage de la littĂ©rature comme mythe littĂ©raire – sabordage pur et simple du discours, le silence, rĂ©el ou transposĂ©, se manifestant comme la seule arme possible Ă la peur majeure du mythe sa rĂ©currence » Barthes, 1970 208 – nous pouvons voir, de la mĂŞme façon, dans Au fil du temps, le sabordage du cinĂ©ma comme mythe cinĂ©matographique. Ici, pour reprendre le slogan en boucle que Bruno projette Ă la jeune caissière, ni action, ni violence, ni sensualitĂ©, mais du hasard, du temps, du silence il faut attendre vingt-sept minutes de silence, ou quasi, avant que Bruno et Robert ne se prĂ©sentent l’un Ă l’autre. 22L’Allemagne n’est pas ce pays puissant que le mythe du miracle Ă©conomique voudrait nous faire voir. Au grĂ© de leurs pĂ©rĂ©grinations, Robert et Bruno croisent deux villages Machtlos sans pouvoir » et Friedlos sans paix ». VoilĂ oĂą en est l’Allemagne d’Au Fil du temps. Entre les deux, se tient une montagne, mais ce n’est pas la montagne originelle du mythe germanique elle s’appelle Toder Man l’homme mort ». VoilĂ oĂą en sont les mythes après que Wenders les a arrachĂ©s au rĂ©el. Dans la voiture de Robert, au dĂ©but du film, nous pouvons voir une carte postale un paysage typiquement alpin de cimes enneigĂ©es et de forĂŞt. Wenders est particulièrement fĂ©roce envers cette imagerie, très liĂ©e Ă l’idĂ©e de patrie, et qui a ses avatars dans la production de l’époque Heimat Filme comment traduire ? Des films romantiques se dĂ©roulant dans les Alpes » Wenders, 1990 142. 23Pays impuissant qui ne connaĂ®t pas la paix, l’Allemagne est un pays occupĂ©, divisĂ© dès le dĂ©but, lorsque Robert lance sa voiture dans l’Elbe, la frontière avec l’Allemagne de l’Est coupe le fond de l’image, longue balafre grillagĂ©e, parcourue de miradors. La frontière redouble celle, symbolique, du fleuve. Et Ă la fin, au petit matin, c’est encore sur elle que le regard bute un panneau Landes-Grenze » prĂ©vient, que de l’autre cĂ´tĂ©, c’est encore l’Allemagne, mais que ce territoire brumeux, indiscernable derrière la frontière, est interdit. Bruno, dans la couverture qu’il a jetĂ©e, comme l’éternel errant qu’il est, sur ses Ă©paules, se cogne Ă cette cicatrice, cette frontière intĂ©rieure qui leur rappelle sans cesse cette culpabilitĂ© dont ils ont hĂ©ritĂ©. Bruno hurle, lance son cri de l’autre cĂ´tĂ©, mais l’apaisement ne viendra pas. La route sur laquelle ils cherchent, dans un pays devenu coupable, leur identitĂ©, a colonisĂ© leur inconscient au moins autant que le rĂŞve de la culture amĂ©ricaine » Buchka, 1986 75. En l’occurrence, les deux phĂ©nomènes sont liĂ©s mĂ©fiante Ă l’égard de ses deux mille ans de Kultur qui se sont effondrĂ©s dans le nazisme, mĂ©fiante Ă l’égard de ses images qui ont Ă©tĂ© instrumentalisĂ©es, l’Allemagne de l’après-guerre est avide de tout ce qui peut la dĂ©tourner d’elle-mĂŞme, en premier lieu de la culture de l’occupant. Au fil du temps prĂ©sente, en dĂ©collant le mythe du miracle Ă©conomique, un pays occupĂ© militairement. C’est le poste frontière abandonnĂ© oĂą les deux hĂ©ros Ă©chouent, aux murs couverts de graffitis qui les font rĂŞver Colorado, Texas… Holyday in » ironise Bruno. Pas tout Ă fait, rĂ©pond Robert, mais il y a des lits – un foyer possible – et des images – les filles nues des magazines, collĂ©es sur les mur – Foyer et images, c’est tout ce que l’Allemagne demande Ă son occupant. La prĂ©sence de ce dernier est, elle aussi, exhumĂ©e des couches mythiques si le poste frontière est dĂ©saffectĂ©, le tĂ©lĂ©phone fonctionne et une voix amĂ©ricaine rĂ©pond, malgrĂ© l’apparente disparition des soldats amĂ©ricains dans les lieux. Les disques de rock que Bruno glisse dans le mange-disque de son camion, la prĂ©sence du cinĂ©ma amĂ©ricain – affiche avec Mitchum, avec son titre traduit en Allemand Gnadenlos ; gestes très intimes de Bruno retrouvant son enfance hĂ©ritĂ©s d’un film amĂ©ricain –, prĂ©parent ce que Robert met Ă jour dans le poste frontière, tout entourĂ©s qu’ils sont en ce lieu de culture et de mots amĂ©ricains les AmĂ©ricains ont colonisĂ© notre subconscient ! » C’est dans le rire qu’il en arrive Ă cette constatation, après qu’une rĂ©plique, par une brusque association d’idĂ©e, eut Ă©chappĂ© Ă Bruno mean as she can be ». Bruno alors raconte qu’il lui arrive d’avoir un air dans la tĂŞte, pendant des heures, avec des paroles en Anglais, sans qu’il fasse attention aux mots. Et que ces mots peuvent surgir Ă l’improviste dans les conversations, les disputes. Comme si les mots en Anglais, le maintenaient Ă distance de lui-mĂŞme. Constatons que Robert est atteint du mĂŞme syndrome plus tĂ´t dans le film, il aura croisĂ© une effigie du Christ privĂ© de sa croix, et lui aura dit double-crossed for the very last time, but now finally free ». Or, ces mots sont la rĂ©miniscence d’une chanson de Bob Dylan Idiot Wind, Wenders jouant des mots entre la croix et la trahison. Constatons qu’au vers suivant, il est encore question d’une frontière I kissed goodbye the howling beast on the borderline which separate you from me. » Il s’agit toujours de traverser ce qui est visible pour aller chercher dessous la couche que le mythe a recouvert Sans aucun doute toute vie, la vie humaine surtout, est‑elle une espèce de transcenÂdere, un franchissement du DonnĂ©, mais il est tout aussi indubitable que ce transcendere, qui est concrètement utopique, n'implique jamais la transcendance. Celle‑ci serait une fois de plus un DonnĂ© tout fait et spectral, et s'il est absolument certain que la conscience morale de l'utopie concrète ne colle pas de manière positiviste au Factum de tout ce qui est immĂ©diatement visible, il est encore plus certain qu'elle ne s'Ă©vapore pas dans les nues des pures hypostases de l'invisibilitĂ© mythologique » Bloch, 1991 555. 24Le pare-brise du camion est alors le lieu oĂą se superposent les couches sĂ©dimentaires d’images renvoyant Ă cette germanitĂ© que le film remet en question cieux torturĂ©s, reflets des forĂŞts, des façades Ă colombages… Derrière, dans l’écran large du cinĂ©mascope que le pare-brise dĂ©limite, se tiennent les deux nomades, hĂ©ros d’un road movie renvoyant lĂ Ă cette amĂ©ricanitĂ© qui a recouvert les couches infĂ©rieures. L’image n’est plus une surface mais un volume qu’il faut traverser pour remettre Ă jour ce qui est cachĂ© l’Histoire. En choisissant Berlin comme cadre des Ailes du dĂ©sir 1987, Wenders trouve dans cette ville ce qui partout ailleurs en Allemagne, manque traces, mĂ©moire, profondeur historique Cette histoire est ici physiquement et Ă©motionnellement prĂ©sente, cette histoire qui ne peut ĂŞtre vĂ©cue ailleurs en Allemagne » c’est-Ă -dire dans la RĂ©publique FĂ©dĂ©rale, que comme dĂ©nĂ©gation ou absence, autrement dit qui ne peut ĂŞtre que manquĂ©e » Wenders, 1990 118. Il s’agit alors de dĂ©coller une Ă une ces couches d’amnĂ©sie de la surface de ces paysages blafards qui portent les traces du crime Ă Ostheim, la ville du père de Robert, une façade est criblĂ©e d’impacts, et c’est cette façade que Wenders met au centre du cadre. Il s’agit de traverser l’image pour en dĂ©coller l’amnĂ©sie qui la recouvre et mettre Ă jour les fantĂ´mes ou les dĂ©mons que l’Allemagne a prĂ©fĂ©rĂ© refouler le vieux projectionniste au dĂ©but du film avoue avoir Ă©tĂ© nazi, et confond les initiales du SPD et celles du parti nazi. D’ailleurs, il n’est plus très sĂ»r du nom. Guerre froide oblige, d’anciens nazis retrouvent leur place dans cette sociĂ©tĂ© amnĂ©sique. La rĂ©cupĂ©ration kitsch est un autre moyen de refoulement la jeune caissière a gagnĂ© Ă la foire une bougie Ă l’effigie de Hitler, et Bruno, par dĂ©rision, allume sa cigarette au feu du FĂĽhrer ». La dĂ©marche de Wenders est alors un vĂ©ritable travail sur la mĂ©moire J’étais moins attirĂ© par l’étranger que repoussĂ© par le monde familier. Le monde familier, c’était ce vide … une singulière exclusion du passĂ©. On ne peut faire croire Ă un enfant qu’il est impossible de regarder derrière lui. Pourtant, j’ai grandi avec le sentiment qu’il ne fallait pas regarder en arrière. Derrière nous, il y avait un trou noir et tout le monde n’avait le regard tendu que vers l’avant, occupĂ© Ă la reconstruction », en train de travailler au miracle », et ce miracle Ă©conomique, je pense, n’a Ă©tĂ© possible au fond que grâce Ă un incroyable travail de refoulement. Cette fantastique performance n’était pas le nouveau phĂ©nix c’était de faire oublier les cendres dont il s’élevait » Wenders, 1992 221. L’omniprĂ©sence rythmique, visuelle et sonore des trains est particulièrement appuyĂ©e et ne peut pas ne pas faire penser aux trains qui sillonnèrent ce territoire, trente ans plus tĂ´t. La prĂ©sence des trains est très insistante dans la scène au bord du Rhin, ne cessant de surgir, par le son, le long de cette nuit oĂą l’enfance – et l’absence de ce père perdu pendant la guerre » – torture Bruno. L’un se recroqueville sur sa douleur et laisse couler ses larmes, l’autre, Robert, se couche Ă mĂŞme le sable, sous les arbres, comme s’il fallait rĂ©gresser Ă un stade antĂ©rieur de l’humanitĂ© pour dĂ©passer cette culpabilitĂ© que les trains, roulant et sifflant bruyamment dans la nuit, ne cessent d’activer. La maison est entourĂ©e d’arbres, retour du mythe germanique de la forĂŞt dont on nous prĂ©vient dĂ©jĂ , qu’il a Ă©tĂ© contaminĂ©. Au petit matin, c’est encore un train qui accompagne l’ouverture en fondu sur le paysage les bras du Rhin avec l’île boisĂ©e, au centre. Mais au plan suivant, c’est le mythe qui, de nouveau, est mis Ă mal le Rhin mythique est un lieu invivable, envahi de machines bruyantes. Quel boucan ! » s’exclame Bruno. On creuse le chenal » lui rĂ©pond tranquillement Robert, achevant, par la trivialitĂ© de l’image, la dĂ©gradation du mythe. Nous avons remarquĂ© que chacun des personnages traverse une frontière symbolique le passage Ă niveau pour Robert, le fleuve pour Bruno. Soit les trains et le Rhin, mĂ©moire du nazisme et mythe fondateur qu’il s’agit de confronter. 25Le traitement qu’il choisit pour les corps et la nuditĂ© est l’antithèse de ce que les images nazies proposaient. La nuditĂ© est en effet, dans le film, assez insistante Bruno se prĂ©sente Ă nous, nu, se dĂ©culotte pour dĂ©fĂ©quer dans la blancheur des dunes, et reste nu sous sa salopette, les trois quarts du film. Au dĂ©but, Robert n’a qu’un pantalon pour tout vĂŞtement, sous prĂ©texte que sa chemise et sa veste sont mouillĂ©es. Mais ce n’est pas la nuditĂ© des corps triomphants que le film expose, mais au contraire leur prĂ©caritĂ© les vĂŞtements et les corps se salissent au fil du temps, les barbes poussent d’ailleurs, les vellĂ©itĂ©s de rasage de Bruno sont immanquablement dĂ©couragĂ©es blaireau et tasse tombent du rebord du camion. Le seul bain, c’est celui de Robert dans l’Elbe, dont l’odeur de vase qui restera accrochĂ©e Ă ses vĂŞtements le fera vomir. Il y a lĂ un sabotage de l’hygiĂ©nisme national socialiste, qu’on retrouve aussi, par exemple, dans les baignoires de Beuys. 26Les mythes germaniques fondateurs – nous venons de voir ce qu’il en Ă©tait du Rhin – sont une de ces nombreuses couches qu’il faut interroger. Ces mythes ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©s par les nazis, comme le montre par exemple cette citation de Ernst Schindler, professeur Ă l’universitĂ© de Munich en 1936 L’art est le guide, celui qui guide et accompagne notre vie. Il nous montre, sous la forme du mythe, d’oĂą nous venons et oĂą nous allons. » Michaud, 1996 177 Le culte des mythes fondateurs est une donnĂ©e capitale de la germanolâtrie » Ă laquelle Andreas Heusler, notamment, va contribuer et Ă laquelle un autre linguiste – Jean Fourquet – va s’opposer, montrant par exemple que le Nibelungen Lied est une adaptation de romans courtois, une réécriture Ă partir d’emprunts Ă©trangers Fourquet, 1979. AccaparĂ©s par l’idĂ©ologie nazie, les mythes fondateurs se sont, pour ainsi dire, brisĂ©s dans l’Histoire et furent après-guerre l’objet d’un refoulement les mythes n’étaient plus enseignĂ©s. Choix fut fait de l’amnĂ©sie, et c’est cette couche d’amnĂ©sie que le film soulève les Nibelungen est un des films prĂ©fĂ©rĂ©s du vieux projectionniste qui fut nazi. Hommage, certes, Ă Fritz Lang, mais Ă©galement signe de l’affinitĂ© de l’idĂ©ologie nazie avec le mythe. De mĂŞme, une des affiches de films que Bruno dĂ©couvre sous l’escalier de la maison de son enfance est celle de Siegfried. LĂ encore, il s’agit de dĂ©coller une Ă une les strates qui collent sur l’image. J’étais une proie facile pour ces mythes amĂ©ricains, moi qui vivais dans un pays sans mythe, un pays qui se prĂ©sentait Ă moi comme sans histoire et sans histoires » Wenders, 1992 223. 27De ce point de vue, la dĂ©marche de Wim Wenders est au voisinage de celle d’un autre artiste allemand Anselm Kiefer. NĂ©s la mĂŞme annĂ©e – 1945 – ils ont un rapport très proche Ă la mĂ©moire. Ainsi, ce que Daniel Arasse dit d’Anselm Kiefer pourrait très bien se rapporter Ă Wim Wenders Luttant contre l’amnĂ©sie collective qui suit la fin d’une guerre dont il ne peut avoir lui-mĂŞme, d’autre mĂ©moire que celle dĂ©jĂ constituĂ©e par les rĂ©cits, les images et les lieux portant la marque d’une dĂ©vastation passĂ©e … il utilise ces traces et cette histoire allemande comme un matĂ©riau …. Mais en les associant aux souvenirs de l’ancienne mythologie germanique, il suggère la continuitĂ© qui relie le mythe et l’histoire, et la tragique, terrible perte de sens qui les affecte. » Arasse, 2006 68 L’un et l’autre ont d’ailleurs proposĂ©, Ă deux ans d’intervalle, de donner forme Ă l’Ange de l’Histoire inspirĂ© Ă Benjamin par un tableau de Klee Son visage est tournĂ© vers le passĂ©. LĂ oĂą Ă notre regard Ă nous semble s’échelonner une suite d’évĂ©nements, il n’y [en] a qu’un seul qui s’offre Ă ses regards Ă lui une catastrophe sans modulation ni trĂŞve, amoncelant les dĂ©combres et les projetant Ă©ternellement devant ses pieds. L’Ange voudrait bien se pencher sur ce dĂ©sastre, panser les blessures et ressusciter les morts. Mais une tempĂŞte s’est levĂ©e, venant du Paradis … Nous donnons nom de Progrès Ă cette tempĂŞte » Benjamin, 1991 438. Chez Wenders, l’Ange de l’Histoire s’incarne dans la figure de l’Ange des Ailes du dĂ©sir 1987, chez Kiefer 1989 dans celle d’un bombardier avec des livres en plomb sur les ailes. Chez l’un et l’autre, il s’agit de faire surgir une mĂ©moire occultĂ©e, de frayer, comme l’écrit Arasse la voie aux images inattendues d’anciens souvenirs » Arasse, 2001 75. La question est de savoir que doit-on exhumer de l’amnĂ©sie collective, comment faire travailler la mĂ©moire ? Quels souvenirs, quelles notions faire entrer dans la mĂ©moire ? C’est-Ă -dire en particulier pour un Allemand nĂ© en 1945 … comment se reprĂ©senter le nazisme et sa relation avec le passĂ© allemand plus lointain dont il se rĂ©clamait » Arasse, 2001 81. Nous avons notĂ© la prĂ©sence des trains dans Au fil du temps. Nous la constatons aussi dans les Ĺ“uvres de Kiefer, notamment ces rails de chemins de fer qui rayent le paysage et renvoient aux mythes, par l’inscription du nom du tableau, sur sa surface mĂŞme par exemple, le difficile chemin de Siegfried vers Brunhilde ». La prĂ©sence des mythes fondateurs est discrète dans Au fil du temps Ă©vocation des Nibelungen, dĂ©tour vers le Rhin… En revanche, les mythes contemporains miracle Ă©conomique, rĂŞve amĂ©ricain en sont au cĹ“ur. Chez Kiefer, la prĂ©sence des mythes fondateurs est beaucoup plus explicite Kiefer n’illustre pas les mythes qu’il reprĂ©sente ; il les convoque pour confronter le mythe et l’histoire et constater que, dans le cas de l’Allemagne tout au moins, le mythe s’est effondrĂ© dans l’histoire dès lors qu’il a Ă©tĂ© appelĂ© Ă y agir » Arasse, 2001 138. 28La parentĂ© des deux artistes est très proche pour ce qui concerne leur travail sur le paysage. Il s’agit de revisiter une tradition picturale typiquement allemande, dĂ©valorisĂ©e lĂ aussi car rĂ©cupĂ©rĂ©e par l’idĂ©ologie nazie. Et en la revisitant, de dĂ©monter un mythe celui du sol. Constatons que Robert s’appelle Lander. Nous avons remarquĂ© la carte postale dans sa voiture, au dĂ©but du film, archĂ©type du paysage alpin. LĂ est la reprĂ©sentation du mythe, le film propose son parfait contraire cieux blancs, vides et sans relief, paysages neutres d’une Allemagne dĂ©sertĂ©e de ses habitants. Les paysages nocturnes ne sont pas plus romantiques masses de brume vaguement Ă©clairĂ©es par les phares, terre lourde aux vagues sillons, horizon barrĂ©. Ă€ cause de l’Histoire, ces paysages sont horribles. » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 294 Quant aux villes, elles ont l’air, au mieux, de carton-pâte, avec leurs façades Ă colombages, très dĂ©coupĂ©es, et leurs toits, très pointus Roland Barthes montre combien le mythe dĂ©coupe et ne retient qu’un dĂ©tail, ici, c’est la germanitĂ© qui s’exprime dans la dĂ©coupe des façades et la pointe des toits. Handke remarque que ces villes sont celles de Goethe, et c’est cette apparente continuitĂ© que Wenders dĂ©construit je n’ai jamais su accepter une culture qui devait sauter par-dessus une partie du passĂ©. Tout ce qu’on regarde date du XIX° siècle. » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 290 Sur les paysages dĂ©sertĂ©s de Kiefer, sur les labours – les mĂŞmes que dans l’iconographie nazie – ruisselle du sang. Plus que de paysages » Ă proprement parler, il s’agit de fonds dĂ©solĂ©s ou angoissants, qui donnent figure Ă l’idĂ©e du Land, de la Terre allemande devant laquelle il convoque l’histoire et les mythes pour les mettre Ă l’épreuve de ce qu’on pourrait appeler, après Nietzsche, le tribunal de sa mĂ©moire » Arasse, 2001 138. Chez Kiefer, comme chez Wenders, la question qui s’offre Ă nous est qu’est-ce qui est tissĂ© dans le paysage ? Chez Kiefer, c’est par le jeu de l’épaisseur qu’il nous interroge. Chez Wenders, par celui du temps, de cette surface indiffĂ©renciĂ©e, qu’on ne peut investir, si ce n’est en dĂ©collant couche après couche les strates temporelles sĂ©dimentaires. Comme chez Kiefer, l’image est alors un volume qu’il nous faut traverser. C’est la scène de théâtre d’ombre que Bruno et Robert improvisent pour les enfants impatients, oĂą de part et d’autre de la surface de l’écran, dialoguent les corps et les ombres, le devant et le derrière, le tout Ă la façon non pas du cinĂ©ma muet allemand, mais amĂ©ricain, c’est-Ă -dire ici, le burlesque. L’image est un volume nous avons vu comment les couches se superposent sur la surface du pare-brise, comment des images plus anciennes sont convoquĂ©es sous les images apparentes mais un volume qui se dĂ©veloppe suivant une Ă©paisseur temporelle au fil du temps, de l’Histoire, et de l’Histoire du cinĂ©ma. Il y a ici, dans le recours au cinĂ©ma des premiers temps et mĂŞme du théâtre d’ombre qui l’a prĂ©cĂ©dĂ© une volontĂ© de faire table rase. Retour aux origines que Kiefer manifeste Ă©galement – de mĂŞme que le mode de fabrication laissant la part belle au hasard et aux accidents que nous avons relevĂ© plus tĂ´t Le caractère Ă première vue hĂ©tĂ©roclite de ses composants donne l’impression que l’assemblage a laissĂ© place au hasard, Ă l’accident, Ă l’imprĂ©vu, survenus et exploitĂ©s au cours de la fabrication … Cette absence, affichĂ©e et dĂ©cidĂ©e, du savoir-faire de l’école donne le sentiment d’un retour aux sources – et aux questions que l’art pose au moment mĂŞme oĂą il donne figure au monde » Arasse, 2006 75. Ce n’est pas pour rien qu’Au fil du temps nous prĂ©sente en parallèle les deux protagonistes Bruno rĂ©gressant au stade de l’imprimerie, et Bruno Ă celui du cinĂ©ma des origines il colle, assemble des bouts de pellicule qui se sont dĂ©versĂ©s sur le sol de la cabine de projection. 29Georges Didi-Huberman montre combien l’image nous concerne, nous regarde » dès lors que nous ne pouvons plus l’envisager comme simple surface Il n’y a peut-ĂŞtre d’image Ă penser radicalement qu’au-delĂ du principe de surface. L’épaisseur, la profondeur, la brèche, le seuil, et l’habitacle. Tout cela obsède l’image, tout cela exige que nous regardions la question du volume comme une question essentielle » Didi-Huberman, 1992 61. Passer Ă travers le volume de l’image renvoie alors ici Ă cette autre traversĂ©e celle de l’identitĂ©. Selon Peter Buchka, la patrie est, dès le dĂ©but, chez Wenders, un concept dialectique, qui dĂ©signe dans la mĂŞme mesure un lieu que l’on dĂ©sire et un lieu qui effraie » Buchka, 1986 43. Cette patrie dĂ©valuĂ©e maintient les protagonistes en oscillation entre deux Ă©tats indĂ©cidables, la quĂŞte identitaire sera alors menĂ©e sans recours Ă la patrie Etre Ă©tranger est pour moi rien d’autre que l’accès direct au concept d’identitĂ©. L’identitĂ© n’est pas quelque chose que l’on possède dĂ©jĂ . On doit passer Ă travers les choses pour l’obtenir » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 290. Et passer Ă travers les choses, c’est passer Ă travers l’image, passer Ă travers le paysage, y ouvrir une brèche. L’attirance de Wenders pour le cinĂ©ma amĂ©ricain tient selon lui, au fait que Dans leurs images se dĂ©ployait une surface qui n’était jamais que ce qu’on pouvait y voir » Wenders, 1988 44. Le rejet que provoque le paysage allemand, c’est qu’il y a lĂ toujours plus que le visible des strates et des strates de culpabilitĂ© que le mythe, et c’est sa fonction, a recouvert. Comme l’écrit Barthes Cette Ă©vaporation miraculeuse de l’histoire est une autre forme d’un concept commun Ă la plupart des mythes bourgeois lirresponsabilitĂ© de l’homme » Barthes, 1970 225. Le mythe innocente, le cinĂ©ma de Wenders cherche Ă remettre Ă jour la culpabilitĂ© sous la couche d’innocence. Ă€ la fin du film, nous assistons ainsi Ă une vĂ©ritable ouverture cinĂ©matographique du paysage. Robert et Bruno se sont sĂ©parĂ©s, l’un est en train, l’autre en camion, leurs trajectoires croisĂ©es ouvrent le paysage de part en part, le lacĂ©rant pour en dĂ©coller les mythes anciens ou modernes qui le dissimulent Le besoin d’oublier vingt annĂ©es, le sentiment de la faute, a fait comme un trou et on a tentĂ© de le recouvrir … en assimilant la culture amĂ©ricaine. Nous l’avons recouvert avec le chewing-gum et avec les photos polaroĂŻd » Wenders citĂ© par Amengual, 1997 290. 30C’est cette brèche qu’il faut rouvrir, et pour atteindre cette brèche, traverser le visible, le DonnĂ©, sans le prendre pour ce qu’il est, et c’est le prix de l’utopie, lĂ oĂą l’Homme peut encore espĂ©rer se constituer lui-mĂŞme Or, la racine de l'histoire c'est l'homme qui travaille, qui crĂ©e, qui transforme et dĂ©passe le DonnĂ©. Dès qu'il se sera saisi et qu'il fondera ce qui est sien dans une dĂ©mocratie rĂ©elle, sans dessaisissement et sans aliĂ©nation, naĂ®tra dans le monde quelque chose qui nous apparaĂ®t Ă tous dans l'enÂfance et oĂą personne encore n'a jamais Ă©tĂ© le Foyer Heimat » Bloch, 1991 559.
Aufil du temps en Alsace; Le temps au gré des jours; 2000 ans de climat; dédicaces; Presse et communication; expositions; conférences; chroniques radio-télé; climat-météo; Accueil. Dans la tourmente volume 1. Au fil du temps en Alsace. Le temps au gré des jours. 2000 ans de climat. dédicaces. Presse et communication. expositions .
La Haute Provence au gré du temps La publication de l'ouvrage La Haute Provence au gré du temps, fait suite à l'exposition du même nom. Les Archives départementales des Alpes de Haute Provence ont présenté cette exposition de septembre 2018 à fin août 2020. Soixante-quinze "très petites histoires" accompagnent des clichés qui dévoilent, hier et aujourd'hui, autant de communes du département des Alpes de Haute Provence, du Lauzet au nord à Quinson au sud, de Colmars à l'est à Banon à l'ouest. Le procédé de la re-photographie, appelée aussi photographie comparée ou photolalie, permet de comparer un même paysage photographié à des années de distance et ainsi d'en mesurer les transformations. Cette technique a donc pour but de confronter deux photographies d'un même lieu à des mois ou des années d'écart. Pour ce faire, il faut prendre les photographies selon le même angle de vue. Les histoires évoquent, au singulier ou au pluriel, des personnages, des lieux et aussi des événements. Ecole et mairie, cathédrale et baptistère, église et chapelle, croix et cimetière, moulin, fontaine et lavoir, séchoir et cabane pastorale, château et tour, gare, poste et gendarmerie, casino et hôtel, horloge et four communal, place publique et toit des maisons, route et pont, adduction d'eau et électrification, événement climatique et risque naturel, Cent-Jour,soulèvement de 1851 et guerre, Napoléon et une maîtresse d'école particulièrement sévère... Voici donc une manière originale de découvrir l'ancien département des Basses-Alpes, du début du XIXe siècle à nos jours. Cette exposition et cet ouvrage ont pu être réalisés grâce à plus de 150 cartes postales et photographies anciennes conservées aux Archives départementales. Informations complémentaires Ouvrage disponible à la vente depuis décembre 2019. La Haute Provence au gré du temps, Archives départementales des Alpes de Haute Provence. Publication 2019, 157 p. - ISBN 978 2 86004 048 8 Vendu 15 € aux Archives ou à commander 15 € frais de port compris. Archives départementales des Alpes de Haute Provence, 2 rue du Trélus 04000 Digne-les-Bains chèque à l'ordre du Trésor public. Télécharger le bon de commande Les Archives Départementales des Alpes de Haute Provence Laisser nous votre avis... 2 commentairesPartagez cette page sur...Lire les derniers articles...Qui suis-je ? Webmaster à l’Agence de Développement des Alpes de Haute Provence, j’ai par ailleurs une passion pour les livres et l’écriture. Lectrice et amoureuse des Alpes de Haute Provence, j’anime ce blog sur les écrivains, les livres et l’écriture, pour faire découvrir ce beau département autrement… Loin d'être un blog littéraire, je partage simplement mes lectures d'écrivains du département tels que Jean Giono, Pierre Magnan, René Frégni, Alexandra David Neel, Maria Borrely... et vous présente de nouveaux auteurs. Je vous invite aussi à découvrir ce département qui inspire tant d'écrivains ! Fan de Maria Borrely, des descriptions de Jean Giono, de Jean Proal... et toujours à l'affût de nouvelles écritures ! N'hésitez pas à donner vos avis et à partager vos lectures d'écrivains bas alpins ! Florence Suivez-moi aussi sur Twitter Recevez les prochains articles En vous inscrivant ci-dessous, vous recevrez directement par e-mail les prochains articles publiés sur ce blog. en moyenne un par semaine Articles récents Les éditions Izalou et la lecture grande cause nationale Bibliothèque Sonore "Marie-France" des Alpes de Haute-Provence Revue Alexandra David-Neel n° 2 Les Rencontres Giono 2022 - Hommage à Jacques Mény Lou Pastre de Emmanuel Breteau La Ruche des mots Salon du livre Riez La Romaine Une vie à grimper de Bernard Gorgeon Emerveillez-vous ! de François Couplan Les Fables d'Etalon Naïf de Lucienne Desnoues Revue verdons n° 67 quand l'eau manque... Hors-Série Grès d'Annot - Revue Au fil du Coulomp Ercilie d'Ourène, baronne de Saint-Jérôme de Daniel Berthet Recto-Verso de Rémi Patron Autour d'une vie, des mots en farandole de Dominique Bal Antiques trahisons de Gilles Vincent
HAIKUHIVER HAIKU DU JOUR >> 27 novembre 2010 6 27 / 11 / novembre / 2010 10:15. AU FIL DU TEMPS Partager cet article. Repost 0. Published by Au gré d'un souffle-dans INTERLUDE commenter cet article HAIKU HIVER HAIKU DU JOUR >> commentaires. Ajouter un commentaire Bienvenue ! Blog: Au gré d'un souffle Description
Du vendredi 1 janvier au vendredi 25 mars 2016- Terminé Exposition "Conter le temps, perception et mesure au fil des siècles". Du 30 novembre 2015 au 25 mars 2016 aux Archives Départementales de la Moselle Au moment où les "fêtes" et le changement d’année occupent tous les esprits, les magazines et la publicité, les Archives départementales se penchent sur la manière de percevoir et de mesurer le temps au fil des siècles. La datation pose en effet bien des problèmes à l’historien dont une des tâches essentielles et primordiales est de pouvoir situer et ordonner événements et générations. Au gré des almanachs, livres, chartes médiévales et gravures, l’exposition explique les différentes manières d’exprimer le cours des jours et des années et de dater. Celles-ci n’ont pas connu de norme officielle et unique en France avant le milieu du XVIe siècle. Alors même que de savants astronomes calculent et réforment le calendrier, subsistent de nombreuses façons d’évaluer la scansion des jours, au rythme du soleil, des cloches des églises, du travail de l’année, du repos et de la fête. On ne peut ignorer enfin que le calendrier est porteur d’une culture et qu’il a constitué un enjeu politique et religieux. Au fond, pourquoi fête-t-on la fin ou le début de l’année - Informations pratiques Entrée gratuite. Tout public. Horaires d’ouverture du lundi au vendredi 8h30 - 16h45 et le samedi 8h30 - 12h30 Renseignements Archives départementales de la Moselle 1, allée du Château à Saint-Julien-lès-Metz Tél. 03 87 78 05 00 Photo © DPT57 Lieu archives départementales de la Moselle Adresse Allée du Château Ville Saint-Julien-lès-Metz Département Moselle Région Grand Est Pays France Annoncé anonymement le mercredi 22 juillet 2020 Modifier cet évènement Nous utilisons des cookies pour nous assurer du bon fonctionnement de notre site, pour personnaliser notre contenu et nos publicités, et analyser notre trafic.
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